7. - Pour des hommes qui n'avaient qu'une notion confuse de la
spiritualité de l'âme, l'idée du feu matériel n'avait rien de choquant,
d'autant moins, qu'elle était dans la croyance vulgaire puisée dans
celle de l'enfer des Païens, presque universellement répandue.
L'éternité de la peine n'avait non plus rien qui répugnât à des gens
soumis depuis des siècles à la législation du terrible Jéhovah. Dans la
pensée de Jésus, le feu éternel ne pouvait donc être qu'une figure ; peu
lui importait que cette figure fût prise à la lettre, si elle devait
servir de frein ; il savait bien que le temps et le progrès devaient se
charger d'en faire comprendre le sens allégorique, alors surtout que,
selon sa prédiction, l'Esprit de Vérité viendrait éclairer les hommes sur toutes choses.
Le caractère essentiel des peines irrévocables, c'est l'inefficacité du repentir
; or, jamais Jésus n'a dit que le repentir ne trouverait point grâce
devant Dieu. En toute occasion, au contraire, il montre Dieu clément,
miséricordieux, prêt à recevoir l'enfant prodigue rentré sous le toit
paternel. Il ne le montre inflexible que pour le pécheur endurci ; mais,
s'il tient le châtiment d'une main, dans l'autre il tient toujours le
pardon prêt à s'étendre sur le coupable dès que celui-ci revient
sincèrement à lui. Ce n'est certes pas là le tableau d'un Dieu sans
pitié. Aussi est-il à remarquer que Jésus n'a prononcé contre personne,
même contre les plus grands coupables, de condamnation irrémissible.