Leçons familières de morale (Envoi de madame la comtesse F… de Varsovie, médium. Traduit du polonais.)I
Mes chers
enfants, votre manière de comprendre la volonté de Dieu est erronée, en
ce que vous prenez tout ce qui arrive pour l'expression de cette
volonté. Certes, Dieu connaît tout ce qui est, tout ce qui a été et tout
ce qui doit être ; sa sainte volonté étant toujours l'expression de son
amour divin, apporte en se réalisant la grâce et la bénédiction, tandis
qu'en s'écartant de cette voie unique, l'homme s'attire des peines qui
ne sont que des avertissements. Malheureusement l'homme d'aujourd'hui,
aveuglé par l'orgueil de son esprit, ou noyé dans la fange de ses
passions, ne veut pas les comprendre ; or, sachez-le, mes enfants, le
temps approche où le règne de la volonté de Dieu commencera sur la terre
; alors, malheur à celui qui oserait encore s'y opposer, il sera brisé
comme le roseau, tandis que ceux qui se seront amendés verront s'ouvrir
pour eux les trésors de la miséricorde infinie. Vous voyez par là que si
la volonté de Dieu est l'expression de son amour, et par cela même
immuable et éternelle, tout acte de rébellion contre cette volonté,
quoique souffert par l'incompréhensible sagesse, n'est que temporaire et
passager, et plutôt une preuve de la patiente miséricorde de Dieu, que
l'expression de sa volonté.
II
Je vois avec plaisir, mes enfants, que votre foi ne faiblit point,
malgré les attaques des incrédules. Si les hommes avaient tous accueilli
avec le même zèle, la même persévérance et surtout avec la même pureté
d'intention cette manifestation extraordinaire de la bonté divine,
nouvelle porte ouverte à votre avancement, c'eût été une preuve évidente
que le monde n'est ni aussi méchant, ni aussi endurci qu'il le paraît,
et que, ce qui est inadmissible, la main de Dieu s'est injustement
appesantie sur les humains. Ne soyez donc pas étonnés de l'opposition
que le Spiritisme rencontre dans le monde ; destiné à combattre
victorieusement l'égoïsme et à amener le triomphe de la charité, il est
tout naturellement en butte aux persécutions de l'égoïsme et du
fanatisme qui souvent en dérive. Rappelez-vous ce qui a été dit il y a
bien des siècles : « Il y aura beaucoup d'appelés et peu d'élus. »
Cependant le bien qui vient de Dieu finira toujours par triompher du mal
qui vient des hommes.
III
Dieu fit descendre sur la terre la foi et la charité pour aider les
hommes à secouer la double tyrannie du péché et de l'arbitraire, et il
ne saurait être douteux qu'avec ces deux divins moteurs ils auraient
depuis longtemps atteint un bonheur aussi parfait que le comporte la
nature humaine et l'état physique de votre globe, si les hommes
n'avaient laissé la foi languir et leurs cœurs se dessécher. Ils crurent
même un moment pouvoir s'en passer et se sauver par la seule charité.
C'est alors que l'on vit naître cette foule de systèmes sociaux, bons
dans l'intention qui les dictait, mais défectueux et impraticables dans
la forme. Et pourquoi sont-ils impraticables, direz-vous ? ne sont-ils
pas fondés sur le désintéressement de chacun ? Oui, sans doute ; mais
pour fonder sur le désintéressement il faut d'abord que le
désintéressement existe, or il ne suffit pas de le décréter, il faut
l'inspirer. Sans la foi qui donne la certitude des compensations de la
vie future, le désintéressement est une duperie aux yeux de l'égoïste ;
voilà pourquoi les systèmes qui ne reposent que sur les intérêts
matériels sont instables, tant il est vrai que l'homme ne saurait rien
construire d'harmonieux et de durable sans la foi qui, non seulement, le
dote d'une force morale supérieure à toutes les forces physiques, mais
lui ouvre l'assistance du monde spirituel, et lui permet de puiser à la
source de la toute-puissance divine.
IV
« Quand même vous rempliriez tout ce qui vous a été commandé,
regardez-vous comme des serviteurs inutiles. » Ces paroles du Christ
vous enseignent l'humilité comme la première base de la foi et une des
premières conditions de la charité. Celui qui a la foi n'oublie pas que
Dieu connaît toutes les imperfections ; il ne s'avise par conséquent
jamais de vouloir paraître aux yeux de son prochain meilleur qu'il
n'est. Celui qui a l'humilité accueille toujours avec douceur les
reproches qu'on lui adresse, quelque injustes qu'ils soient ; car,
sachez-le bien, l'injustice n'irrite jamais le juste, mais c'est en
mettant le doigt sur quelque plaie envenimée de votre âme que l'on fait
monter sur votre front la rougeur de la honte, indice certain d'un
orgueil mal caché. L'orgueil, mes enfants, est le plus grand obstacle à
votre perfectionnement, parce qu'il ne vous laisse point profiter des
leçons qu'on vous donne ; c'est donc en le combattant sans paix ni trêve
que vous travaillerez le mieux à votre avancement.
V
Si vous jetez les yeux sur le monde qui vous entoure, vous voyez que
tout y est harmonie : l'harmonie du monde matériel, c'est le beau.
Cependant ce n'est encore que la partie la moins noble de la création ;
l'harmonie du monde spirituel, c'est l'amour, émanation divine qui
remplit les espaces et conduit la créature à son créateur. Tâchez, mes
enfants, d'en remplir vos cœurs ; tout ce que vous pourriez faire de
grand en dehors de cette loi ne saurait vous être compté ; l'amour seul,
lorsque vous en aurez assuré le triomphe sur la terre, fera venir à
vous le règne de Dieu promis par les apôtres.