148. Après la mort, l'âme
a-t-elle la conscience de son individualité ; comment la
constate-t-elle, et comment pouvons-nous la constater ?
Si les
âmes n'avaient plus leur individualité après la mort, ce serait pour
elles et pour nous absolument comme si elles n'existaient pas, et les
conséquences morales seraient exactement les mêmes ; elles n'auraient
aucun caractère distinctif, et celle du criminel serait au même rang que
celle de l'homme de bien, d'où résulterait qu'on n'aurait nul intérêt à
faire le bien.
L'individualité de l'âme est mise à découvert
d'une manière pour ainsi dire matérielle, dans les manifestations
spirites, par le langage et les qualités propres à chacune ;
puisqu'elles pensent et agissent d'une manière différente, que les unes
sont bonnes et les autres mauvaises, les unes savantes et les autres
ignorantes, que les unes veulent ce que d'autres ne veulent pas, c'est
la preuve évidente qu'elles ne sont pas confondues dans un tout
homogène, sans parler des preuves patentes qu'elles nous donnent d'avoir
animé tel ou tel individu sur la terre. Grâce au spiritisme
expérimental, l'individualité de l'âme n'est plus une chose vague, mais
un résultat d'observation.
L'âme constate elle-même son
individualité, parce qu'elle a sa pensée et sa volonté propres,
distinctes de celles des autres ; elle la constate encore par son
enveloppe fluidique ou périsprit, sorte de corps limité qui en fait un
être séparé.
Remarque. Certaines
personnes croient échapper au reproche de matérialisme en admettant un
principe intelligent universel, dont nous absorbons une partie en
naissant, ce qui constitue l'âme, pour le rendre après la mort à la
masse commune, où elles se confondent comme les gouttes d'eau dans
l'Océan. Ce système, sorte de transaction, ne mérite même pas le nom de
spiritualisme, car il est aussi désespérant que le matérialisme ; le
réservoir commun du tout universel équivaudrait au néant, puisqu'il n'y
aurait plus d'individualités.