REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1866

Allan Kardec

Retour au menu
Les frères Davenport à Bruxelles

Les frères Davenport viennent de passer quelque temps en Belgique où ils ont donné paisiblement leurs représentations ; nous avons de nombreux correspondants dans ce pays, et, ni par eux ni par les journaux, nous n'avons appris que ces messieurs y aient été en butte aux scènes regrettables qui ont eu lieu à Paris. Est-ce que les Belges donneraient des leçons d'urbanité aux Parisiens ? On pourrait le croire en comparant les deux situations. Ce qui est évident, c'est qu'à Paris il y avait un parti pris d'avance, une cabale organisée coutre eux ; et la preuve en est, c'est qu'on les a attaqués avant de savoir ce qu'ils allaient faire, avant même qu'ils eussent commencé. Qu'on siffle celui qui échoue, qui ne tient pas ce qu'il annonce, c'est un droit qu'on achète partout où l'on paye en entrant ; mais qu'on le bafoue, qu'on l'insulte, qu'on le maltraite, qu'on brise ses instruments, avant même qu'il entre en scène, c'est ce qu'on ne se permettrait pas chez le dernier bateleur de la foire ; quelle que soit la manière dont on considère ces messieurs, de tels procédés sont sans excuse chez un peuple civilisé.

De quoi les accusait-on ? de se donner pour des médiums ; de prétendre qu'ils opéraient à l'aide des Esprits ? Si c'était de leur part un moyen frauduleux pour piquer la curiosité du public, qui est-ce qui avait le droit de s'en plaindre ? Ce sont les Spirites qui pouvaient trouver mauvais de voir mettre en parade une chose respectable. Or, qui est-ce qui s'est plaint ? qui a crié au scandale, à l'imposture et à la profanation ? Précisément ceux qui ne croient pas aux Esprits. Mais parmi ceux qui crient le plus haut qu'il n'y en a pas, qu'en dehors de l'homme il n'y a rien, à force d'entendre parler de manifestations, quelques-uns finissent, sinon par croire, du moins par craindre qu'il n'y ait quelque chose. La peur que les frères Davenport ne vinssent le prouver trop clairement a déchaîné contre eux une véritable colère, qui, si l'on avait eu la certitude qu'ils n'étaient que d'habiles faiseurs de tours, n'avait pas plus de raison d'être que celle qui serait dirigée contre le premier escamoteur venu. Oui, nous en sommes convaincu, la peur de les voir réussir a été la cause principale de cette hostilité qui avait devancé leur apparition en public, et préparé les moyens de faire avorter leur première séance.

Mais les frères Davenport n'ont été qu'un prétexte ; ce n'est pas à leur personne qu'on en voulait, c'est au Spiritisme auquel on a cru qu'ils pouvaient donner une sanction, et qui, au grand déplaisir de ses antagonistes, déjoue les effets de la malveillance par la prudente réserve dont il ne s'est jamais départi, malgré tout ce qu'on a fait pour l'en faire sortir. Pour bien des gens, c'est un véritable cauchemar. Il fallait bien peu le connaître pour croire que ces messieurs, en se plaçant dans des conditions qu'il désavoue, pouvaient lui servir d'auxiliaires. Ils ont cependant servi sa cause, mais c'est en faisant parler de lui à leur occasion, et la critique y a donné la main, sans le vouloir, en provoquant l'examen de la doctrine. Il est à remarquer que tout le bruit qui s'est fait autour du Spiritisme est l'œuvre de ceux mêmes qui voulaient l'étouffer. Quoi qu'on ait fait contre lui, il n'a jamais crié ; ce sont ses adversaires qui ont crié comme s'ils se croyaient déjà morts.

Nous extrayons de l'Office de publicité, journal de Bruxelles, qui, dit-on, tire à 25 000, les passages suivants de deux articles publiés dans les nos des 8 et 22 juillet dernier sur les frères Davenport, ainsi que deux lettres de réfutation loyalement insérées dans ce même journal. Le sujet, quoique un peu usé, ne laisse pas d'avoir son côté instructif.

Articles connexes

Voir articles connexes