A nos correspondants
L'époque du renouvellement des abonnements, au 1er
janvier, est, comme tous les ans, pour la plupart de nos correspondants de
France et de l'étranger, l'occasion de nous donner de nouveaux témoignages de
sympathie dont nous sommes profondément touchés.
Dans l'impossibilité matérielle où nous sommes de
répondre à tous, nous les prions de vouloir bien recevoir ici l'expression de
nos remerciements sincères et de la réciprocité de nos vœux, les priant d'être
persuadés que nous n'oublions, dans nos prières, aucun de ceux, incarnés ou
désincarnés, qui se recommandent à nous.
Les témoignages qu'on veut bien nous donner sont pour
nous de puissants encouragements et de bien douces compensations qui nous font
aisément oublier les peines et les fatigues de la route. Et comment ne les
oublierions-nous pas, alors que nous voyons la doctrine grandir sans cesse,
surmonter tous les obstacles, et que chaque jour nous apporte de nouvelles
preuves des bienfaits qu'elle répand ! Nous remercions Dieu de l'insigne
faveur qu'il nous accorde d'être témoin de ses premiers succès, et d'entrevoir
son avenir. Nous le prions de nous donner les forces physiques et morales
nécessaires pour accomplir ce qui nous reste à faire avant de retourner dans le
monde des Esprits.
A ceux qui veulent bien faire des vœux pour la
prolongation de notre séjour ici-bas, dans l'intérêt du Spiritisme, nous dirons
que personne n'est indispensable pour l'exécution des desseins de Dieu ;
ce que nous avons fait, d'autres eussent pu le faire, et ce que nous ne
pourrons faire, d'autres le feront ; lors donc qu'il lui plaira de nous
rappeler, il saura pourvoir à la continuation de son œuvre. Celui qui est
appelé à en prendre les rênes grandit dans l'ombre et se révèlera, quand il en
sera temps, non par sa prétention à une suprématie quelconque, mais par ses
actes qui le signaleront à l'attention de tous. A cette heure il s'ignore
encore lui-même, et il est utile, pour le moment, qu'il se tienne encore à
l'écart.
Christ a dit : « Quiconque s'élève sera
abaissé. » C'est donc parmi les humbles de cœur qu'il sera choisi, et non
parmi ceux qui voudront s'élever de leur propre autorité et contre la volonté
de Dieu ; ceux-là n'en recueilleront que honte et humiliation, car les
orgueilleux et les présomptueux seront confondus. Que chacun apporte sa pierre
à l'édifice et se contente du rôle de simple ouvrier ; Dieu, qui lit dans
le fond des cœurs, saura donner à chacun le juste salaire de son travail.
A tous nos frères en croyance nous dirons :
« Courage et persévérance, car le moment des grandes épreuves approche.
Fortifiez-vous dans les principes de la doctrine, et pénétrez-vous en de plus
en plus ; élargissez vos vues ; élevez-vous par la pensée au-dessus
du cercle borné du présent, de manière à embrasser l'horizon de l'infini ;
considérez l'avenir, et alors la vie présente, avec son cortège de misères et
de déceptions, vous apparaîtra comme un point imperceptible, comme une minute
douloureuse qui bientôt ne laisse plus de traces dans le souvenir ; les
préoccupations matérielles semblent mesquines et puériles auprès des splendeurs
de l'immensité.
Heureux ceux qui puiseront dans la sincérité de leur
foi la force dont ils auront besoin : ceux-là béniront Dieu de leur avoir
donné la lumière ; ils reconnaîtront sa sagesse dans ses vues insondables
et dans les moyens, quels qu'ils soient, qu'il emploie pour leur
accomplissement. Ils marcheront à travers les écueils avec la sérénité, la
fermeté et la confiance que donne la certitude d'atteindre le port, sans
s'arrêter aux pierres qui meurtrissent les pieds.
C'est dans les grandes épreuves que se révèlent les
grandes âmes ; c'est alors aussi que se révèlent les cœurs vraiment
spirites, par le courage, la résignation, le dévouement, l'abnégation, et la
charité sous toutes ses formes, dont ils donnent l'exemple. Voir l'article du
mois d'octobre 1866 : Les temps sont arrivés.