REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1868

Allan Kardec

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LE JUGEMENT DERNIER

12. ‑ Jésus viendra sur les nuées pour juger les vivants et les morts.

Oui, Dieu l'enverra, comme il l'envoie tous les jours, rendre cette justice souveraine dans les plaines immenses de l'éther. Ah ! lorsque saint Jacques fut précipité du haut de la tour du temple de Jérusalem, par les pontifes et les pharisiens, pour avoir annoncé au peuple assemblé cette vérité enseignée par Christ et ses apôtres, rappelez-vous qu'à cette parole du juste, la multitude se prosterna en s'écriant : Gloire à Jésus, fils de Dieu, au plus haut des cieux !

Il viendra sur les nuées tenir ses redoutables assises : n'est-ce pas vous dire, ô Spirites, qu'il vient perpétuellement recevoir les âmes de ceux qui rentrent dans l'erraticité ? Passez à ma droite, dit à ses brebis le pasteur, vous qui avez bien agi suivant les vues de mon Père, passez à ma droite et montez vers lui ; quant à vous, qui vous êtes laissé dominer par les passions de la terre, passez à ma gauche, vous êtes condamnés.

Oui, vous êtes condamnés à recommencer la route parcourue, dans une nouvelle existence terrestre, jusqu'à ce que vous vous soyez rassasiés de matières et d'iniquités, et que vous ayez enfin chassé l'impur qui vous domine. Oui, vous êtes condamnés ; allez et retournez donc dans l'enfer de la vie humaine, pendant que vos frères de ma droite vont s'élancer vers les sphères supérieures, d'où les passions de la terre sont exclues, jusqu'au jour où ils entreront dans le royaume de mon Père par une plus grande purification.

Oui, Jésus viendra juger les vivants et les morts ; les vivants : les justes, ceux de sa droite ; les morts : les impurs, ceux de sa gauche ; et quand les ailes pousseront aux justes, la matière s'emparera encore des impurs ; et cela, jusqu'à ce que ceux-ci sortent vainqueurs des combats contre l'impureté, et se dépouillent enfin, pour toujours, de leurs chrysalides humaines.

O Spirites ! vous voyez que votre doctrine est la seule qui console, la seule qui donne l'espérance, en ne condamnant pas à une damnation éternelle les malheureux qui se sont mal comportés pendant quelques minutes de l'éternité ; la seule, enfin, qui prédise la fin véritable de la terre par l'élévation graduelle des Esprits.

Progressez donc, en dépouillant le vieil homme, pour rentrer dans la région des Esprits aimés de Dieu.

(Eraste ; Paris, 1861.)


13. ‑ La société en général, ou, pour mieux dire, la réunion d'êtres, tant incarnés que désincarnés, qui composent la population flottante d'un monde, en un mot, une humanité, n'est autre qu'un grand enfant collectif qui, comme tout être doué de vie, passe par toutes les phases qui se succèdent chez chacun, depuis la naissance jusqu'à l'âge le plus avancé ; et de même que le développement de l'individu est accompagné de certaines perturbations physiques et intellectuelles qui incombent plus particulièrement à certaines périodes de la vie, l'humanité a ses maladies de croissance, ses bouleversements moraux et intellectuels. C'est à l'une de ces grandes époques qui terminent une période et qui en commencent une autre qu'il vous est donné d'assister. Participant à la fois aux choses du passé et à celles de l'avenir, aux systèmes qui s'écroulent et aux vérités qui se fondent, ayez soin, mes amis, de vous mettre du côté de la solidité, de la progression et de la logique, si vous ne voulez être entraînés à la dérive ; et d'abandonner des palais somptueux quant à l'apparence, mais vacillants par la base, et qui enseveliront bientôt sous leurs ruines les malheureux assez insensés pour ne pas vouloir en sortir, malgré les avertissements de toute nature qui leur sont prodigués.

Tous les fronts s'assombrissent, et le calme apparent dont vous jouissez ne sert qu'à accumuler un plus grand nombre d'éléments destructeurs.

Quelquefois, l'orage qui détruit le fruit des sueurs d'une année est précédé d'avant-coureurs qui permettent de prendre les précautions nécessaires pour éviter, autant que possible, la dévastation. Cette fois, il n'en sera pas ainsi. Le ciel assombri semblera s'éclaircir ; les nuages fuiront ; puis, tout d'un coup, toutes les fureurs longtemps comprimées se déchaîneront avec une violence inouïe.

Malheur à ceux qui ne se seront pas préparé un abri ! malheur aux fanfarons qui iront au danger le bras désarmé et la poitrine découverte ! malheur à ceux qui affronteront le péril la coupe à la main ! Quelle déception terrible les attend ! La coupe tenue par leur main n'aura pas atteint leurs lèvres, qu'ils seront frappés !

A l'œuvre donc, Spirites, et n'oubliez pas que vous devez être tout prudence et tout prévoyance. Vous avez un bouclier, sachez vous en servir ; une ancre de salut, ne la négligez pas.

(Clélie Duplantier, Paris, 1867.)

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