REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1868

Allan Kardec

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LES MORTS SORTIRONT DE LEURS TOMBEAUX

11. ‑ Peuples, écoutez !… Une grande voix se fait entendre d'un bout à l'autre des mondes ; c'est celle du précurseur annonçant la venue de l'Esprit de Vérité qui vient redresser les voies tortueuses où l'esprit humain s'égarait dans de faux sophismes. C'est la trompette de l'ange venant réveiller les morts pour qu'ils sortent de leurs tombeaux.

Souvent vous avez lu la révélation de Jean, et vous vous êtes demandé : Mais que veut-il dire ? Comment donc s'accompliront ces choses surprenantes ? Et votre raison confondue, s'enfonçait dans un ténébreux dédale d'où elle ne pouvait sortir, parce que vous vouliez prendre à la lettre ce qui était rendu dans un style figuré.

Maintenant que le temps est venu où une partie de ces prédictions va s'accomplir, vous apprendrez peu à peu à lire dans ce livre où le disciple bien-aimé a consigné les choses qu'il lui avait été donné de voir. Cependant, les mauvaises traductions et les fausses interprétations vous gêneront encore quelque peu, mais avec un travail persévérant vous arriverez à comprendre ce qui, jusqu'à présent, avait été pour vous lettre close.

Seulement, comprenez que, si Dieu permet que les sceaux en soient levés plus tôt pour quelques-uns, ce n'est pas pour que cette connaissance reste stérile en leurs mains, mais pour que, pionniers infatigables, ils défrichent les terres incultes ; c'est afin qu'ils fécondent de la douce rosée de la charité les cœurs desséchés par l'orgueil et empêchés par les embarras mondains, où la bonne semence de la parole de vie n'a pu encore germer.

Hélas ! combien envisagent la vie humaine comme devant être une fête perpétuelle où les distractions et les plaisirs se succèdent sans interruption ! Ils inventent mille riens pour charmer leurs loisirs ; ils cultivent leur esprit, parce que c'est une des facettes brillantes servant à faire ressortir leur personnalité ; ils sont semblables à ces bulles éphémères reflétant les couleurs du prisme et se balançant dans l'espace : elles attirent pour un temps les regards, puis vous les cherchez… elles ont disparu sans laisser de traces. De même ces âmes mondaines ont brillé d'un éclat emprunté, pendant leur court passage terrestre, et il n'en est rien resté d'utile, ni pour leurs semblables, ni pour elles-mêmes.

Vous qui connaissez le prix du temps, vous à qui les lois de l'éternelle sagesse sont peu à peu révélées, soyez entre les mains du Tout-puissant des instruments dociles servant à porter la lumière et la fécondité dans ces âmes dont il est dit : « Elles ont des yeux et ne voient point, des oreilles et n'entendent point, » parce que s'étant détournées du flambeau de la vérité, et ayant écouté la voix des passions, leur lumière n'est que ténèbres au milieu desquelles l'Esprit ne peut reconnaître la route qui le fait graviter vers Dieu.

Le Spiritisme est cette voix puissante qui retentit déjà jusqu'aux extrémités de la terre ; tous l'entendront. Heureux ceux qui, ne se bouchant pas volontairement les oreilles, sortiront de leur égoïsme comme le feraient des morts de leurs sépulcres, et accompliront désormais les actes de la véritable vie, celle de l'Esprit se dégageant des entraves de la matière, comme fit Lazare de son linceul à la voix du Sauveur.

Le Spiritisme marque l'heure solennelle du réveil des intelligences ayant usé de leur libre arbitre pour s'attarder dans les sentiers fangeux dont les miasmes délétères ont infecté l'âme d'un poison lent qui lui donne les apparences de la mort. Le Père céleste a pitié de ces enfants prodigues, tombés si bas qu'ils ne songent même pas à la demeure paternelle, et c'est pour eux qu'il permet ces manifestations éclatantes, destinées à convaincre que, au-delà de ce monde aux formes périssables, l'âme conserve le souvenir, la puissance et l'immortalité.

Puissent-ils, ces pauvres esclaves de la matière, secouer la torpeur qui les a empêchés de voir et de comprendre jusqu'à ce jour ; puissent-ils étudier avec sincérité, afin que la lumière divine, pénétrant leur âme, en chasse le doute et l'incrédulité.

(Jean l'évangéliste ; Paris, 1866.)

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