LES MORTS SORTIRONT DE LEURS TOMBEAUX
11.
‑ Peuples, écoutez !… Une grande voix se fait entendre d'un bout à
l'autre des mondes ; c'est celle du précurseur annonçant la venue de
l'Esprit de Vérité qui vient redresser les voies tortueuses où l'esprit
humain s'égarait dans de faux sophismes. C'est la trompette de l'ange
venant réveiller les morts pour qu'ils sortent de leurs tombeaux.
Souvent vous avez lu la révélation de Jean, et vous vous êtes demandé :
Mais que veut-il dire ? Comment donc s'accompliront ces choses
surprenantes ? Et votre raison confondue, s'enfonçait dans un ténébreux
dédale d'où elle ne pouvait sortir, parce que vous vouliez prendre à la
lettre ce qui était rendu dans un style figuré.
Maintenant que
le temps est venu où une partie de ces prédictions va s'accomplir, vous
apprendrez peu à peu à lire dans ce livre où le disciple bien-aimé a
consigné les choses qu'il lui avait été donné de voir. Cependant, les
mauvaises traductions et les fausses interprétations vous gêneront
encore quelque peu, mais avec un travail persévérant vous arriverez à
comprendre ce qui, jusqu'à présent, avait été pour vous lettre close.
Seulement, comprenez que, si Dieu permet que les sceaux en soient
levés plus tôt pour quelques-uns, ce n'est pas pour que cette
connaissance reste stérile en leurs mains, mais pour que, pionniers
infatigables, ils défrichent les terres incultes ; c'est afin qu'ils
fécondent de la douce rosée de la charité les cœurs desséchés par
l'orgueil et empêchés par les embarras mondains, où la bonne semence de
la parole de vie n'a pu encore germer.
Hélas ! combien
envisagent la vie humaine comme devant être une fête perpétuelle où les
distractions et les plaisirs se succèdent sans interruption ! Ils
inventent mille riens pour charmer leurs loisirs ; ils cultivent leur
esprit, parce que c'est une des facettes brillantes servant à faire
ressortir leur personnalité ; ils sont semblables à ces bulles éphémères
reflétant les couleurs du prisme et se balançant dans l'espace : elles
attirent pour un temps les regards, puis vous les cherchez… elles ont
disparu sans laisser de traces. De même ces âmes mondaines ont brillé
d'un éclat emprunté, pendant leur court passage terrestre, et il n'en
est rien resté d'utile, ni pour leurs semblables, ni pour elles-mêmes.
Vous qui connaissez le prix du temps, vous à qui les lois de
l'éternelle sagesse sont peu à peu révélées, soyez entre les mains du
Tout-puissant des instruments dociles servant à porter la lumière et la
fécondité dans ces âmes dont il est dit : « Elles ont des yeux et ne
voient point, des oreilles et n'entendent point, » parce que s'étant
détournées du flambeau de la vérité, et ayant écouté la voix des
passions, leur lumière n'est que ténèbres au milieu desquelles l'Esprit
ne peut reconnaître la route qui le fait graviter vers Dieu.
Le
Spiritisme est cette voix puissante qui retentit déjà jusqu'aux
extrémités de la terre ; tous l'entendront. Heureux ceux qui, ne se
bouchant pas volontairement les oreilles, sortiront de leur égoïsme
comme le feraient des morts de leurs sépulcres, et accompliront
désormais les actes de la véritable vie, celle de l'Esprit se dégageant
des entraves de la matière, comme fit Lazare de son linceul à la voix du
Sauveur.
Le Spiritisme marque
l'heure solennelle du réveil des intelligences ayant usé de leur libre
arbitre pour s'attarder dans les sentiers fangeux dont les miasmes
délétères ont infecté l'âme d'un poison lent qui lui donne les
apparences de la mort. Le Père céleste a pitié de ces enfants prodigues,
tombés si bas qu'ils ne songent même pas à la demeure paternelle, et
c'est pour eux qu'il permet ces manifestations éclatantes, destinées à
convaincre que, au-delà de ce monde aux formes périssables, l'âme
conserve le souvenir, la puissance et l'immortalité.
Puissent-ils,
ces pauvres esclaves de la matière, secouer la torpeur qui les a
empêchés de voir et de comprendre jusqu'à ce jour ; puissent-ils étudier
avec sincérité, afin que la lumière divine, pénétrant leur âme, en
chasse le doute et l'incrédulité.
(Jean l'évangéliste ; Paris, 1866.)