Les cloches - Obtenue par M. Pécheur, 13 janvier 1860.
Peux-tu me dire pourquoi j'ai toujours
aimé à entendre le son des cloches ? C'est que l'âme de l'homme qui
pense ou qui souffre cherche toujours à se dégager, lorsqu'elle éprouve
ce bonheur muet qui réveille en nous des souvenirs vagues d'une vie
passée ; c'est que ce son est une traduction de la parole du christ qui
vibre dans l'air depuis dix-huit siècles : c'est la voix de l'espérance.
Que de cœurs elle a consolés ! Que de force elle a donnée à l'humanité
croyante ! Cette voix divine effraya les grands de l'époque : ils en
eurent peur, car la vérité qu'ils avaient étouffée les fit trembler. Le
christ la montrait à tous : ils tuèrent le christ, mais non l'idée ; sa
parole sacrée avait été comprise ; elle était immortelle, et pourtant
que de fois le doute s'est glissé dans vos cœurs ! Que de fois l'homme
a-t-il accusé dieu d'être injuste ! Il s'écriait : mon dieu, qu'ai-je
donc fait ? Le malheur m'a-t-il marqué à mon berceau ? Suis-je donc
destiné à suivre cette route qui me déchire le cœur ? Il semble qu'une
fatalité s'attache à mes pas ; je sens mes forces qui m'abandonnent ; je
vais briser cette vie.
A ce moment, dieu fait entrer dans
votre cœur un rayon d'espérance ; une main amie vous ôte le bandeau du
matérialisme qui couvre vos yeux ; une voix du ciel vous dit : regarde à
l'horizon ce foyer lumineux : c'est un feu sacré qui émane de dieu ; ce
flambeau doit éclairer le monde et le purifier ; il doit faire pénétrer
sa lumière dans le cœur de l'homme et en chasser les ténèbres qui
obscurcissent ses yeux. Des hommes ont prétendu vous donner la lumière,
ils n'ont produit qu'un brouillard qui a fait perdre le droit chemin.
Vous à qui dieu montre la lumière, ne soyez pas aveugles ; c'est le
spiritisme qui vous permet de lever un coin du voile qui couvrait votre
passé. Regardez maintenant ce que vous avez été, et jugez-vous. Courbez
la tête devant la justice du créateur ; remerciez-le de vous rendre le
courage pour continuer l'épreuve que vous avez choisie. Le christ a dit :
celui qui se servira de l'épée périra par l'épée : cette pensée, toute
spirite, renferme le mystère de vos souffrances. Que l'espérance en la
bonté de dieu vous donne le courage et la foi ; écoutez toujours cette
voix qui vibre dans vos cœurs ; c'est à vous de comprendre, d'étudier
avec sagesse, d'élever votre âme par des pensées toutes fraternelles ;
que le riche tende la main à celui qui souffre, car la richesse ne lui a
pas été donnée pour ses jouissances personnelles, mais pour qu'il en
soit le dispensateur, et dieu lui demandera compte de l'usage qu'il en
aura fait. La seule richesse que dieu reconnaisse, ce sont vos vertus ;
c'est la seule que vous emporterez avec vous en quittant ce monde.
Laissez dire ces prétendus sages qui vous traitent de fous ; demain
peut-être ils vous demanderont de prier pour eux, car dieu les jugera.
Ta fille qui t'aime et qui prie pour toi.