REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1862

Allan Kardec

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La Vengeance. (Société Spirite de Paris. ‑ Méd., M. de B… M…)

La vengeance est douce au cœur, a dit le poète. Oh ! pauvres aveugles qui donnez un libre cours à la plus hideuse des passions, vous croyez faire mal à votre prochain quand vous lui portez vos coups, et vous ne sentez pas qu'ils se retournent contre vous-mêmes. Elle n'est pas un crime seulement, mais une absurde maladresse ; elle est, avec ses sœurs, la rancune, la haine, la jalousie, filles de l'orgueil, le moyen dont se servent les Esprits des ténèbres pour attirer à eux ceux qu'ils craignent de voir leur échapper ; c'est le plus infaillible instrument de perdition qui puisse être mis entre les mains des hommes par les ennemis qui s'acharnent à leur déchéance morale. Résistez, enfants de la terre, à ce coupable entraînement, et soyez assurés que si quelqu'un a mérité votre colère, ce ne sera pas dans l'éclat de votre rancune que vous trouverez le calme de votre conscience. Mettez entre les mains du Tout-Puissant le soin de prononcer sur vos droits et sur la justice de votre cause. Il y a dans la vengeance quelque chose d'impie et de dégradant pour l'Esprit.

Non, la vengeance n'est pas compatible avec la perfection ; tant qu'une âme en conserve le sentiment, elle reste dans les bas-fonds du monde des Esprits. Mais le vôtre ne sera pas plus que les autres l'éternel jouet de cette malheureuse passion ; et je puis l'assurer, l'abolition de la fausse notion de l'enfer éternel ou plutôt de la damnation éternelle, qui a été comme le prétexte, ou du moins comme une excuse intime des actes vindicatifs, sera l'aurore d'une ère nouvelle de tolérance et de mansuétude qui ne tardera pas à s'étendre jusqu'aux contrées privées de la vie morale. L'homme pouvait-il condamner la vengeance, alors qu'on lui présentait Dieu comme un Dieu jaloux, se vengeant lui-même par des tortures sans fin ? Cessez donc, ô hommes ! d'insulter la Divinité en lui prêtant vos plus ignobles passions. Alors vous serez, habitants de la terre, un peuple béni de Dieu. Faites en sorte, vous qui m'écoutez, qu'ayant affranchi votre âme de ce coupable et honteux mobile des actes les plus contraires à la charité, vous méritiez d'être admis dans l'enceinte sacrée dont la charité seule peut ouvrir les portes.


Pierre Ange, Esprit protecteur.

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