LES ESPRITS MARQUÉS
5. ‑ Il y a beaucoup d'Esprits supérieurs qui concourront puissamment à
l'œuvre réorganisatrice, mais tous ne sont pas des messies. Il faut
distinguer :
1° Les Esprits supérieurs qui agissent librement, et de leur propre volonté ;
2° Les Esprits marqués,
c'est-à-dire désignés pour une mission importante. Ils ont le
rayonnement lumineux qui est le signe caractéristique de leur
supériorité. Ils sont choisis parmi les Esprits capables de la remplir ;
cependant, comme ils ont leur libre arbitre, ils peuvent faillir par
manque de courage, de persévérance ou de foi, et ils ne sont pas à
l'abri des accidents qui peuvent abréger leurs jours. Mais comme les
desseins de Dieu ne sont pas à la merci d'un homme, ce qu'un ne fait
pas, un autre est appelé à le faire. C'est pourquoi il y a beaucoup
d'appelés et peu d'élus. Heureux celui qui accomplit sa mission selon
les vues de Dieu et sans défaillance !
3° Les Messies, êtres
supérieurs parvenus au plus haut degré de la hiérarchie céleste, après
avoir atteint une perfection qui les rend désormais infaillibles et
au-dessus des faiblesses humaines, même dans l'incarnation. Admis dans
les conseils du Très-Haut, ils reçoivent directement sa parole, qu'ils
sont chargés de transmettre et de faire accomplir. Véritables
représentants de la Divinité, dont ils ont la pensée, c'est parmi eux
que Dieu choisit ses envoyés spéciaux, ou ses Messies pour les grandes
missions générales, dont les détails d'exécution sont confiés à d'autres
Esprits incarnés ou désincarnés, agissant par leurs ordres et sous leur
inspiration.
Des Esprits de
ces trois catégories doivent concourir au grand mouvement régénérateur
qui s'opère.
(Extase somnambulique ; Paris, 1866.)
6. ‑ Je viens,
mes amis, confirmer l'espérance des hautes destinées qui attendent le
Spiritisme. Ce glorieux avenir que nous vous annonçons sera accompli par
la venue d'un Esprit supérieur qui résumera, dans l'essence de leur
perfection, toutes les doctrines anciennes et nouvelles et qui, par
l'autorité de sa parole, ralliera les hommes aux croyances nouvelles.
Semblable au soleil levant, il dissipera toutes les obscurités
amoncelées sur l'éternelle vérité par le fanatisme et l'inobservance des
préceptes du Christ.
L'étoile
de la nouvelle croyance, le futur Messie, grandit dans l'ombre ; mais
déjà ses ennemis frémissent, et les vertus des cieux sont ébranlées.
Vous demandez si ce nouveau Messie est la personne même de Jésus de
Nazareth ? Que vous importe, si c'est la même pensée qui les anime tous
les deux ! Ce sont les imperfections qui divisent les Esprits ; mais
quand les perfections sont égales, rien ne les distingue ; ils forment
des unités collectives sans perdre leur individualité.
Le
commencement de toutes choses est obscur et vulgaire ; ce qui est petit
grandit ; nos manifestations, accueillies d'abord par le dédain, la
violence ou l'indifférence banale de la curiosité oisive, répandront des
flots de lumière sur les aveugles et les régénéreront.
Tous
les grands événements ont eu leurs prophètes, tour à tour encensés et
méconnus. Ainsi que Moïse conduisait les Hébreux, nous vous conduirons
vers la terre promise de l'intelligence.
Similitude frappante !
les mêmes phénomènes se reproduisent, non plus dans le sens matériel
destiné à frapper des hommes enfants, mais dans leur acception
spirituelle. Les enfants sont devenus adultes ; le but grandissant, les
exemples ne s'adressent plus aux yeux ; la verge d'Aaron est brisée, et
la seule transformation que nous opérons est celle de vos cœurs rendus
attentifs au cri d'amour qui, du ciel, se répercute sur la terre.
Spirites ! comprenez la gravité de votre mission ; tressaillez
d'allégresse, car l'heure n'est pas éloignée où le divin envoyé réjouira
le monde. Spirites laborieux, soyez bénis dans vos efforts, et soyez
pardonnés dans vos erreurs. L'ignorance et le trouble vous dérobent
encore une partie de la vérité que le céleste Messager peut seul révéler
tout entière.
(Saint Louis ; Paris, 1862.)
7. ‑ La venue du
Christ a ramené votre terre à des sentiments qui l'ont, pour un instant,
soumise à la volonté de Dieu ; mais les hommes, aveuglés par leurs
passions, n'ont pu garder en leur cœur l'amour du prochain, l'amour du
Maître du ciel. L'envoyé du Tout-puissant a ouvert à l'humanité la route
qui conduit au séjour bienheureux ; mais l'humanité a reculé du pas
immense que Christ lui avait fait faire ; elle est retombée dans
l'ornière de l'égoïsme, et l'orgueil lui a fait oublier son Créateur.
Dieu
permet qu'une fois encore sa parole soit prêchée sur la terre, et vous
aurez à le glorifier de ce qu'il a bien voulu vous appeler, des
premiers, à croire ce qui plus tard sera enseigné. Réjouissez-vous, car
les temps sont proches où cette parole se fera entendre. Améliorez-vous
en profitant des enseignements qu'il nous permet de vous donner.
Que l'arbre de la foi, qui prend en ce moment de si vivaces racines,
porte ses fruits ; que ces fruits mûrissent comme mûrira la foi qui
anime aujourd'hui quelques-uns d'entre vous !
Oui, mes enfants,
le peuple se pressera sur les pas du nouveau messager annoncé par
Christ lui-même, et tous viendront écouter cette divine parole, car ils y
reconnaîtront le langage de la vérité et la voie du salut. Dieu qui
nous a permis de vous éclairer, de soutenir votre marche jusqu'à ce
jour, nous permettra encore de vous donner les instructions qui vous
sont nécessaires.
Mais vous
aussi, qui des premiers avez été favorisés de la croyance, vous avez
votre mission à remplir ; vous aurez à amener ceux d'entre vous qui
doutent encore de ces manifestations que Dieu permet ; vous aurez à
faire luire à leurs yeux les bienfaits de ce qui vous a tant consolés ;
car dans vos jours de tristesse et d'abattement, votre croyance ne vous
a-t-elle pas soutenue ; n'a-t-elle pas fait naître en votre cœur cette
espérance qui, sans elle, vous eût laissés dans le découragement ?
C'est là ce qu'il faudra faire partager à ceux qui ne croient pas
encore, non par une précipitation intempestive, mais avec prudence et
sans heurter de front des préjugés dès longtemps enracinés. On n'arrache
pas un vieil arbre d'un seul coup, comme un brin d'herbe, mais peu à
peu.
Semez dès à présent ce que plus tard vous voudrez
récolter ; semez le grain qui viendra fructifier sur le terrain que vous
aurez préparé et dont vous-mêmes recueillerez les fruits, car Dieu vous
tiendra compte de ce que vous aurez fait pour vos frères.
(Lamennais ;
le Havre, 1862.)