REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1866

Allan Kardec

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La Chenille et le Papillon

Fable de l'Esprit frappeur de Carcassonne.


D'un bouquet de jasmin labourant les contours,

Tremblante, une chenille au déclin de ses jours

Se disait : « Je suis bien malade,

Je ne digère plus la feuille de salade ;

A peine si le chou tente mon appétit ;

Je me meurs petit à petit ;

C'est triste de mourir ! Mieux valait ne pas naître.

Sans murmurer il faut se soumettre ;

A d'autres après moi de tracer leur sillon.

‑ Mais tu ne mourras pas, lui dit un papillon ;

Si j'ai bon souvenir, sur la même charmille

Avec toi j'ai rampé, je suis de la famille ;

L'avenir te prépare un destin plus heureux ;

Peut-être un même amour nous unira tous deux.

Espère !… du sommeil le passage est rapide.

Tout comme je le fus, tu seras chrysalide ;

Comme moi tu pourras, brillante de couleurs,

Respirer le parfum des fleurs. »

La vieille répondit : « Imposture, imposture !

Rien ne saurait changer les lois de la nature ;

L'aubépine jamais ne deviendra jasmin.

A mes anneaux brisés, à mes ressorts si frêles

Quel habile ouvrier viendra fixer des ailes ?

Jeune fou, passe ton chemin.

‑ Chenille ! bien touché ; le possible a ses bornes,

Reprit un escargot, triomphant sous ses cornes. »

Un crapaud applaudit. De son dard, un frelon

Insulta le beau papillon.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Non, ce n'est pas toujours la vérité qui brille.

Ici-bas, que d'aveugles-nés

Niant l'âme des morts. Docteurs, vous raisonnez

A peu près comme la chenille.

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