REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1861

Allan Kardec

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Commentaire sur la dictée publiée sous le titre de : le Réveil de l'Esprit

Dans une communication que l'Esprit Georges a dictée à madame Costel, et qui a été publiée dans la Revue de 1860, page 332, sous le titre de Le Réveil de l'Esprit, il est dit qu'il n'y a pas de relations amicales entre les Esprits errants ; que ceux mêmes qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance. Cette théorie a fait sur beaucoup de personnes une impression d'autant plus pénible, que les lecteurs de la Revue considèrent cet Esprit comme élevé, et ont admiré la plupart de ses communications. Si cette théorie était absolue, elle serait en contradiction avec ce qui a été dit si souvent, qu'au moment de la mort, les Esprits amis viennent recevoir le nouvel arrivant, l'aident à se dégager des liens terrestres, et l'initient en quelque sorte à sa nouvelle vie. D'un autre côté, si les Esprits inférieurs ne communiquaient pas avec des Esprits plus avancés ils ne pourraient s'améliorer.

Nous avons essayé de réfuter ces objections dans un article de la Revue de 1860, page 342, sous le titre de Relations affectueuses des Esprits, mais voici le commentaire que, sur notre demande, Georges lui-même a donné de sa communication :

« Lorsqu'un homme surpris par la mort dans les habitudes matérialistes d'une vie qui ne lui a jamais laissé le temps de s'occuper de Dieu ; lorsque, tout palpitant encore des angoisses et des craintes terrestres, il arrive dans le monde des Esprits, il ressemble à un voyageur qui ignore la langue et les mœurs du pays qu'il visite. Plongé dans le trouble, il est incapable de se communiquer et de comprendre ni ses propres sensations, ni celles des autres ; il erre enveloppé de silence ; alors il sent germer, éclore et se développer lentement des pensées inconnues, et une nouvelle âme fleurit en la sienne. Arrivée à ce point, l'âme captive sent tomber ses liens, et comme un oiseau rendu à la liberté, elle s'élance vers Dieu, en jetant un cri d'allégresse et d'amour ; alors se pressent autour d'elle les Esprits des parents, des amis purifiés qui avaient silencieusement accueilli sa venue parmi eux. Ils sont en petit nombre ceux qui peuvent, aussitôt après la délivrance du corps communiquer avec leurs amis retrouvés ; il faut l'avoir mérité, et ce ne sont que ceux qui ont accompli glorieusement leurs dernières migrations qui sont, dès le premier moment, assez dématérialisés pour jouir de cette faveur que Dieu accorde comme récompense.

J'ai présenté une des phases de la vie spirite ; je n'ai point entendu généraliser, et, comme on le voit, je n'ai parlé que de l'état des premiers instants qui suivent la mort, et cet état peut durer plus ou moins longtemps, selon la nature de l'Esprit ; il dépend de chacun de l'abréger en se détachant des liens terrestres dès la vie corporelle, car ce n'est que l'attachement aux choses matérielles qui empêche de jouir du bonheur de la vie spirituelle. »

Georges.

Remarque. Rien n'est plus moral que cette doctrine, car elle montre qu'aucune des jouissances que nous promet la vie future n'est obtenue sans l'avoir méritée ; que le bonheur même de revoir les êtres qui nous sont chers et de s'entretenir avec eux peut être ajourné ; en un mot que la situation dans la vie spirite est en toutes choses, ce que nous la faisons par notre conduite dans la vie corporelle.

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