LA GENÈSE, LES MIRACLES ET LES PRÉDICTIONS SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

Retour au menu
30.- Le père de famille, c'est Dieu ; la vigne qu'il a plantée, c'est la loi qu'il a établie ; les vignerons auxquels il a loué sa vigne, ce sont les hommes qui doivent enseigner et pratiquer sa loi ; les serviteurs qu'il envoya vers eux, ce sont les prophètes qu'ils ont fait périr ; son fils, qu'il envoie enfin, c'est Jésus, qu'ils ont fait périr de même. Comment donc le Seigneur traitera-t-il ses mandataires prévaricateurs de sa loi ? Il les traitera comme ils ont traité ses envoyés, et en appellera d'autres qui lui rendront meilleur compte de son bien et de la conduite de son troupeau.

Ainsi en a-t-il été des scribes, des princes des prêtres et des pharisiens ; ainsi en sera-t-il quand il viendra de nouveau demander compte à chacun de ce qu'il a fait de sa doctrine ; il ôtera l'autorité à qui en aura abusé, car il veut que son champ soit administré selon sa volonté.

Après dix-huit siècles l'humanité, arrivée à l'âge viril, est mûre pour comprendre ce que le Christ n'a fait qu'effleurer, parce que, comme il le dit lui-même, il n'aurait pas été compris. Or, à quel résultat ont abouti ceux qui, pendant cette longue période, ont été chargés de son éducation religieuse ? A voir l'indifférence succéder à la foi, et l'incrédulité s'ériger en doctrine. A aucune autre époque, en effet, le scepticisme et l'esprit de négation ne furent plus répandus dans toutes les classes de la société.

Mais si quelques-unes des paroles du Christ sont voilées sous l'allégorie, pour tout ce qui concerne la règle de conduite, les rapports d'homme à homme, les principes de morale dont il fait la condition expresse du salut, il est clair, explicite et sans ambiguïté (Evangile selon le Spiritisme, ch. XV).

Qu'a-t-on fait de ses maximes de charité, d'amour et de tolérance ; des recommandations qu'il a faites à ses apôtres de convertir les hommes par la douceur et la persuasion ; de la simplicité, de l'humilité, du désintéressement et de toutes les vertus dont il a donné l'exemple ? En son nom, les hommes se sont jetés l'anathème et la malédiction ; ils se sont égorgés au nom de celui qui a dit : Tous les hommes sont frères. On a fait un Dieu jaloux, cruel, vindicatif et partial de celui qu'il a proclamé infiniment juste, bon et miséricordieux ; on a sacrifié à ce Dieu de paix et de vérité plus de milliers de victimes sur les bûchers, par la torture et les persécutions, que n'en ont jamais sacrifié les païens pour les faux dieux ; on a vendu les prières et les faveurs du ciel au nom de celui qui a chassé les vendeurs du Temple, et qui a dit à ses disciples : Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement.

Que dirait le Christ, s'il vivait aujourd'hui parmi nous ? S'il voyait ses représentants ambitionner les honneurs, les richesses, le pouvoir et le faste des princes du monde, tandis que lui, plus roi que les rois de la terre, fit son entrée dans Jérusalem monté sur un âne ? Ne serait-il pas en droit de leur dire : Qu'avez-vous fait de mes enseignements, vous qui encensez le veau d'or, qui faites, dans vos prières, une large part aux riches et une maigre part aux pauvres, alors que je vous ai dit : Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers dans le royaume des cieux ? Mais s'il n'y est pas charnellement, il y est en Esprit, et, comme le maître de la parabole, il viendra demander compte à ses vignerons du produit de sa vigne, quand le temps de la récolte sera venu.

Articles connexes

Voir articles connexes