LA GENÈSE, LES MIRACLES ET LES PRÉDICTIONS SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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16.- Il en est de même de la Genèse, où il faut voir de grandes vérités morales sous des figures matérielles qui, prises à la lettre, seraient aussi absurdes que si, dans nos fables, on prenait à la lettre les scènes et les dialogues attribués aux animaux.

Adam est la personnification de l'humanité ; sa faute individualise la faiblesse de l'homme, en qui prédominent les instincts matériels auxquels il ne sait pas résister[6].

L'arbre, comme arbre de vie, est l'emblème de la vie spirituelle ; comme arbre de la science, c'est celui de la conscience que l'homme acquiert du bien et du mal par le développement de son intelligence et celui du libre arbitre en vertu duquel il choisit entre les deux ; il marque le point où l'âme de l'homme, cessant d'être guidée par les seuls instincts, prend possession de sa liberté et encourt la responsabilité de ses actes.

Le fruit de l'arbre est l'emblème de l'objectif des désirs matériels de l'homme ; c'est l'allégorie de la convoitise et de la concupiscence ; il résume sous une même figure les sujets d'entraînement au mal ; en manger, c'est succomber à la tentation. Il croît au milieu du jardin de délices pour montrer que la séduction est au sein même des plaisirs, et rappeler que, si l'homme donne la prépondérance aux jouissances matérielles, il s'attache à la terre et s'éloigne de sa destinée spirituelle[7].

La mort dont il est menacé, s'il enfreint la défense qui lui est faite, est un avertissement des conséquences inévitables, physiques et morales, qu'entraîne la violation des lois divines que Dieu a gravées dans sa conscience. Il est bien évident qu'il ne s'agit pas ici de la mort corporelle, puisque, après sa faute, Adam vécut encore fort longtemps, mais bien de la mort spirituelle, autrement dit de la perte des biens qui résultent de l'avancement moral, perte dont son expulsion du jardin de délices est l'image.

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[6] Il est bien reconnu aujourd'hui que le mot hébreu haadam n'est pas un nom propre, mais qu'il signifie : l'homme en général, l'humanité, ce qui détruit tout l'échafaudage bâti sur la personnalité d'Adam.

[7] Dans aucun texte, le fruit n'est spécialisé par la pomme ; ce mot ne se trouve que dans les versions enfantines. Le mot du texte hébreu est peri, qui a les mêmes acceptions qu'en français, sans spécification d'espèce, et peut être pris dans le sens matériel, moral, allégorique au propre et au figuré. Chez les Israélites, il n'y a pas d'interprétation obligatoire ; lorsqu'un mot a plusieurs acceptions, chacun l'entend comme il veut, pourvu que l'interprétation ne soit pas contraire à la grammaire. Le mot peri a été traduit en latin par malum, qui se dit de la pomme et de toute espèce de fruits. Il est dérivé du grec mélon, participe du verbe mélo, intéresser, prendre soin, attirer.

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