17.- Après être remontés, autant qu'il est en notre faiblesse, vers la
source cachée d'où découlent les mondes comme les gouttes d'eau du
fleuve, considérons la marche des créations successives et de leurs
développements sériels.
La matière cosmique primitive
renfermait les éléments matériels, fluidiques et vitaux de tous les
univers qui déroulent leurs magnificences devant l'éternité ; elle est
la mère féconde de toutes choses, la première aïeule, et, qui plus est,
la génératrice éternelle. Elle n'a point disparu, cette substance d'où
proviennent les sphères sidérales ; elle n'est point morte, cette
puissance, car elle donne encore incessamment le jour à de nouvelles
créations, et reçoit incessamment les principes reconstitués des mondes
qui s'effacent du livre éternel.
La matière éthérée, plus ou
moins raréfiée, qui descend parmi les espaces interplanétaires ; ce
fluide cosmique qui remplit le monde, plus ou moins raréfié dans les
régions immenses, riches en agglomérations d'étoiles, plus ou moins
condensé là où le ciel astral ne brille pas encore, plus ou moins
modifié par diverses combinaisons suivant les localités de l'étendue,
n'est autre chose que la substance primitive en qui résident les forces
universelles, d'où la nature a tiré toutes choses
[5].
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[5] Si l'on demandait quel est le principe de ces forces, et comment il peut être dans la substance même qui le produit, nous répondrions que la mécanique nous en offre de nombreux exemples. L'élasticité qui fait détendre un ressort n'est-elle pas dans le ressort même, et ne dépend-elle pas du mode d'agrégation des molécules ? Le corps qui obéit à la force centrifuge reçoit son impulsion du mouvement primitif qui lui a été imprimé.